Impressions de Marie-Lydie Joffre sur Centaure, roman de ValérY Meynadier

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Critique de Marie-Lydie Joffre publiée aux éditions Chèvre Feuille Etoilée dans la revue 43-44 octobre 2010 « Ce jour- là »

À ValérY


Mes premières impressions :
Voyage au pays des Centaurées d’altitude ! Tendres matrices en fil de soie, métamorphosées rose d’épine, violette de gambe, bleu sein-commotionné, jaune sarcastique, rouge hilarant la douleur… des souffrances si profondes au fond du corps et de l’âme de la femme violée, qu’elles en deviennent incommunicables, mais que tu vas courageusement exhumer au grand jour, à petites gorgées élégantes comme la pudeur, aimantes, magnanimes, fraternelles pour en témoigner de l’inhumanité. Rêve ou cauchemar ? Plutôt vérité ! Au sortir de cette épopée de la lucidité, j’ai pensé aux gravures de Goya, « Les Horreurs de la guerre » ; ton récit en a la puissance elliptique, la charge, l’humanisme ! Ce roman donne tant de vie prégnante à la misère de viol & prostitution, étayée en filigrane de références d’investigation dignes de foi, que ton écriture sensibilise à la cause des victimes comme un tatouage sur la mémoire. Avant Centaure le viol et ses conséquences pouvait paraître lointainement abstrait dans son abjection, après la lecture de Centaure on en appréhende l’ignominie viscéralement.
La forme du récit est ondoyante, inépuisablement portée sur la fascinante poésie du flux et du reflux d’une longue chevelure, la vague du bien qui plonge aussitôt dans celle du mal, comme vouées pour l’éternité à se donner la réplique, on se laisse embarquer à la découverte de ton univers « toujours recommencé ». Tout comme la lumière du soleil fonde l’architecture cistercienne, tu sculptes souverainement avec rigueur et concision. Est-ce pour mieux chavirer en explosions de chœurs baroques, où le désespoir exacerbé des femmes marquées aux stigmates de la mort n’est soutenable que par le truchement de scènes exubérantes, rabelaisiennes, felliniennes, sans compter l’humour qui sauve ? Signe qui ne trompe pas, quand on lit Centaure on ne le lâche plus, et on rêve de rédemption !
Et si Centaure nue, figure de proue de ce roman aimanté d’âme, était descendue du ciel ? Coulée de fer, coulée de chair, forgées dans les nébuleuses ? Une Centaure déterminée comme le taureau de sang couvert, Centaure enceinte d’auras boréales, masse de neige écorchée à l’identité vive éparpillée ! Centaure, l’animal en nous en appelle à notre humanité…
MLJ








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