Archives mensuelles : janvier 2008

La mer laiteuse glisse dans le ciel brumeux

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers, dimanche 14 mai 2006

7 h 30

Je marche dans le vent
la mer me borde
elle me cherche la vague
la mousse ensoleillée s’exclame

les pêcheurs sont dans l’eau
jusqu’à la taille
un pêcheur jusqu’au cou
en combinaison de plongée
araignée de soie noire au soleil
émerge des flots
avec sa canne à pêche

8 h 30

des dunes tendres sont éjectées
des gerbes d’anthémis pimpantes
perlées de rosée

une mouette comme un chien
court sur le sable
un oiseau mort dans le bec
trop lourd pour elle
ne peut voler avec
le lâche
et prend la mer

Je fais demi-tour
la mer laiteuse
glisse dans le ciel brumeux

l’eau pas froide me tente
en petite tenue j’y entre
les capricantes vagues
me font perdre l’équilibre
je m’enhardis contre le vent
la vague m’attaque au ventre
mon chemisier je serre fort
à la morsure de tramontane
vite marcher enivrée
dans les cascades de galets
ardents sous la plante des pieds

je quitte l’eau à regret
fais halte pour un bain
de soleil soufflant
sur un tronc d’arbre lisse
étendu sur la dune

Dimanche 14 mai 2006, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

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Asphodèles blanches comme des mariées

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7h20

Le vent souffle fort
le ciel se fait bleu
à l’abri les tamaris
perlent du rose velouteux
sur l’herbe émeraude
les étangs sont silencieux
la mer étale sous le vent
la plage vide mouillée
défile vite sous mes pas

au retour je marche pieds nus
dans l’eau accueillante
parfois des vagues impertinentes
me mouillent jusqu’au ventre
je me laisse traiter avec délice
fonds dans le ciel azur de la mer
flotte sur les petits nuages blancs
planeurs de la sombre Gardiole
où poussent les asphodèles
blanches comme des mariées

Jeudi 27 avril 2006, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

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Colle de peau de lapin et toile de lin

Question de Rosa

Je ne peins pas depuis très longtemps et je dois faire un portrait sur toile de lin. J’ai acheté de la colle de peau de lapin car on m’a dit que cela préparait bien la toile afin qu’elle soit « lisse » pour effectuer les détails du portrait. Voulez vous me dire s’il vous plait comment je dois procéder ?

Réponse :

La toile de lin sur châssis, non apprêtée, est un support peu approprié à la charge de la peinture à l’huile. Notamment le risque d’absorption, par les fibres, de l’huile liant les pigments, peut causer à terme la désagrégation de la couche picturale…
Encoller une toile c’est la protéger, en l’isolant de la couche picturale, tout en offrant à cette dernière une excellente surface à peindre.
Propriétés de l’encollage d’une toile de lin sur châssis
Principe de l’encollage
On applique, à la surface de la toile nue, une ou plusieurs couches de colle naturelle ou synthétique.
L’encollage une fois effectué, on recouvre la surface d’un enduit ou Gesso, (de l’italien « gypse » = craie) préparation semi-fluide, de couleur blanche, composée de colle et de craie broyée.
Pour simplifier le procédé, on peut choisir un encollage intégral au Gesso.
Il est loisible à l’artiste de teinter l’enduit en fonction de son inspiration. Les dessous d’une peinture sont fondamentaux. La couleur du fond, de même que le « jus », sous-couche transparente servant parfois de base à la composition d’un tableau, induisent la tonalité et le caractère de l’œuvre finale.
Par exemple, un enduit gris bleuté favorisera l’apparition d’ombres subtiles dans la peinture tout en réclamant un travail sur les hautes lumières ; un enduit sanguine réchauffera la peinture d’inflexions cuivrées etc.
En revanche, le fond blanc est rarement employé car la luminosité du blanc fait paraître toute couleur plus foncée, favorise les contrastes aux dépens des demi-teintes, et donc limite le champ d’action de l’artiste !
Avantages de l’encollage au niveau du support et de la couche picturale
La toile de lin a une texture légère, molle, à trame irrégulière. L’encollage va égaliser la surface de la toile, la rigidifier, la lisser, et ce faisant interposer une séparation étanche, entre toile et couche picturale.
Support de toile
La toile, isolée par l’encollage, est ainsi protégée d’éventuelles dégradations dont celles occasionnées par les réactions chimiques des pigments.
L’encollage, appliqué de préférence au recto et au verso de la toile, la protège également des agressions environnementales : pollution, dilatation et rétraction dues aux variations hygrométriques et facteurs de craquelures, dégénérescence de la fibre de lin, attaque de moisissures, bactéries etc.
Couche picturale
L’encollage offre à la couche picturale des conditions optimales d’accueil pour le traitement de la peinture ainsi que sa conservation :
Opportunité d’une assise stable, prévention de toute éventualité de dispersion, déperdition ou formation d’amas via les interstices du textile, garantie d’une bonne accroche de la couleur sur l’enduit, aplani et gorgé de colle.
Plaisir de peindre sur une surface lisse. Dans le cas inverse, pour obtenir des effets de matière on peut intégrer au Gesso tout matériau stable comme par exemple poudre de marbre ou sable.
Préparation de la colle de peau de lapin
Dissolution
La colle de peau de lapin est commercialisée sous forme de granules ou de plaque, déshydratés.
Dans un récipient de verre, faire tremper le poids de colle sèche souhaitée dans de l’eau distillée froide ; environ 8 cuillères à soupe de poudre de peau de lapin pour 1 litre d’eau. Doubler la proportion de poudre pour une colle épaisse. Fermer hermétiquement le récipient pour prévenir toute moisissure. Laisser agir une nuit. La colle doit avoir absorbé toute l’eau ; elle a gonflé et a la consistance de la gélatine.

Cuisson

Faire fondre la colle détrempée dans un récipient de verre, au bain-marie, en remuant doucement avec un manche en bois. Chasser les bulles d’air. Veiller à ne pas faire bouillir. La température ne doit pas être trop élevée. Le seuil de liquéfaction de la colle de peau se réalise autour de 37°C. La température élevée altère le pouvoir adhérent de la colle. Dès que la colle a une consistance liquide, la retirer du feu.
L’odeur dégagée est très forte et pourrait incommoder.
La fluidité de la colle varie en fonction de l’usage qu’on veut en faire. Par exemple, en tant que liant pour confectionner une couleur, la colle doit être faible. Attention, une colle ayant trop de tirant (trop épaisse) ne convient pas pour l’encollage d’un support souple comme la toile.

Préparation d’un Gesso à base de colle de peau de lapin
Pour obtenir l’enduit blanc ou Gesso, ajouter de l’eau tiède à la colle fluidifiée encore chaude et y verser en pluie la poudre de craie : blanc d’Espagne ou blanc de Meudon. Arrêter l’opération quand la poudre n’est plus absorbée.
Mélanger les deux matériaux au bain-marie avec précaution.

Enduction de la toile de lin sur châssis
L’application de l’enduit se fait à la brosse, au couteau à palette, au rouleau, en croisant les passages de l’outil choisi.

Enduction d’un Gesso à la colle de peau de lapin

L’enduit à la colle de peau de lapin s’applique à chaud sur le support.
La tradition préconise un passage de plusieurs couches de Gesso, jusqu’à 8 et bien au-delà ; la couche sèche en 2 heures environ. Il est recommandé de poncer chaque couche une fois séchée afin d’obtenir un support bien lisse ! Ponçage au papier verre extra fin.
Une autre méthode consiste à ne pas attendre le séchage complet d’une couche avant d’appliquer la couche suivante qui bénéficiera de la sorte d’une meilleure adhérence à la sous-couche. Dans ce cas il ne sera pas possible de poncer ; le ponçage se pratiquera sur la dernière couche, après séchage à cœur d’au moins 48 heures.
Prévoir éventuellement de faire plusieurs cuissons ; la colle, étant d’origine organique, ne se conserve pas bien une fois préparée, seulement quelques jours au réfrigérateur, et risque de devenir cassante. La colle refroidie se réchauffe au bain-marie.
Cette méthode d’encollage est fastidieuse mais a fait ses preuves depuis le Moyen Age ! Des panneaux de bois marouflés (encollés) de toile pour la peinture a Tempera, (à l’œuf) ou à l’huile, jusqu’aux toiles sur châssis.
La tradition se perpétue de nos jours, auprès d’artistes contemporains, d’hagiographes ou « écrivains » d’icônes respectant la tradition byzantine. La planche de l’icône, marouflée d’une fine toile, est enduite du « Levka », et poncée jusqu’à devenir lisse comme du marbre poli.
Tradition perpétrée en artisanat d’art délicat sur des supports résistants : collage de la feuille d’or, travaux en ébénisterie ou marqueterie.
C’est pourquoi une toile de lin marouflée sur un panneau de bois serait plus en accord avec un encollage aux normes traditionnelles qu’une toile sur châssis. La toile, imprégnée de l’enduit fait alors corps avec les fibres du bois dont elle restreint, par ailleurs, les effets de dilatation-rétractation ; de plus elle se solidifie comme du minéral, tout en conservant en surface un aspect soyeux.

Enduction simplifiée

De nos jours, il existe un grand choix de liants naturels et synthétiques, fiables et plus pratiques d’emploi que l’enduit à la colle de peau de lapin.
Ainsi, la technique de l’encollage s’est-elle allégée.
En définitive, deux couches de Gesso, tout liant confondu, peuvent suffire à un encollage correct de la toile ; la première, fluide, pénètre les fibres du textile, la seconde, plus « tirante », solidifie l’enduit.
D’autant que le Gesso qui se minéralise sur le support en séchant, ne doit pas être trop rigide dans le cas où l’on souhaiterait laisser un peu de jeu à la toile de lin, tendue comme une voile au vent, pour s’y adapter de par sa souplesse naturelle.

Liants adaptés à l’encollage de la toile de lin sur châssis


Liants naturels
La colle de peau de lapin (ou colle « Totin » nom d’une ancienne marque) et la colle de peau de poisson (onéreuse et encore plus difficile d’emploi), restent d’insurpassables gélatines pour une parfaite tension, souplesse et retenue à la fois, de la toile. Mais les gélatines, sensibles à l’humidité, risquent parfois de distendre la toile en la creusant irréversiblement.
Le Casé-arti, est un liant naturel de chez Lefranc & Bourgeois, à base de caséine. Il se présente sous forme de poudre sèche blanche et se prépare à l’eau. C’est un enduit blanc mat, résistant et souple qui adhère à toute surface. Les toiles enduites de 2 couches de cette préparation conservent assez de souplesse pour résister sans cassure à une pression. Elles peuvent être roulées.

Liants synthétiques

Le liant « Caparol » est un enduit à base de vinyle, à diluer dans l’eau. Excellent isolant. Son élasticité s’adapte bien à la surface souple et ondoyante de la toile.
Le liant acrylique « Enduit universel blanc » de Lefranc & Bourgeois est prêt à l’emploi. Il est conseillé pour éviter que des coulures n’infiltrent la toile, de passer au préalable une première couche de l’encollage universel incolore.
Que le liant soit d’origine naturelle ou synthétique, il est indiqué de poncer les couches d’enduit, au moins la couche finale, si l’on désire obtenir une surface nivelée et douce.
Les toiles du commerce, prêtes à l’emploi, sont en principe tendues sur le châssis de façon équilibrée, afin de prévenir tout tiraillement, néfaste à la bonne conservation de la peinture. Ces toiles sont au préalable convenablement encollées d’un Gesso, a priori synthétique. Mais rien n’empêche d’effectuer un encollage supplémentaire à l’aide d’un liant de même source, de le teinter à son imagination et d’effectuer un ponçage « maison », pour un apprêt haute finition et personnalisé !

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Dune ondulée

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers, jeudi 5 janvier 2006


Traces de pieds sur la dune ondulée
collier de minuscules pattes palmées
un tronc délavé enjambe
la mer luisante de vert
reluit sous le soleil mouillé

Jeudi 5 janvier 2006, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

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Amphore

Amphore

Bain de lune

en mer

corps immergé

courant d’air

bousculé

par la vague

d’eau sablée

caressé de lichens

flotte

dans la voie lactée

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La mer bleu et vert

Reflets sur la mer, plage des Aresquiers, 4 décembre 2005

11heures 57

Pieds crissant
yeux perdus dans l’azur
pommelé de blanc lumineux
clin d’œil du soleil
masqué blafard
grosses vagues tranquilles
coquille St Jacques
blanc bénitier
trempé de lumière
la mer bleu et vert à la fois
vert luisant
sombre bleu
sable ambré
j’ai une ombre

4 décembre2005, marche sur la plage des Aresquiers. (Frontignan -Vic la Gardiole, Hérault, France)

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Pastel sec sur toile (3)

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Question de Catherine, 11 janvier 2008

Le pastel est-il plus « pénétrant » sur papier Canson ou sur la toile ? Je pencherais pour le papier Canson. Je trouve les couleurs plus lisses, plus pénétrantes, plus belles, bien fondues, conservant tout ce que je veux montrer de puissant dans le choix de ce que je veux représenter dans le coup de crayon à mine… Je me lance à peine sur la toile c’est un fait mais le grain du lin de la toile accroche (peut être) le pastel : comment puis-je y remédier ? Ou est-ce irréversible ?

Réponse

C’est un peu un défi d’utiliser la toile en tant que support au pastel sec, mais l’art sans défi serait-il encore de l’art ?

La toile de lin est un bon choix. Une toile en fibres synthétiques aura tendance à rejeter la poudre du pastel, une toile en coton est poussive pour le pastel !

La texture irrégulièrement tramée de la toile de lin offre un support chaleureux, solide, de bonne tenue, agréable au toucher. Depuis l’Antiquité ce textile exerce une fascination sur les artistes. Cf. par exemple les portraits du Fayoum.

Travailler, à l’ère du cybernétique avec du pigment de pastel, médium si proche de la peinture rupestre, et sur un support de toile, prouve la nécessité du contact matériel avec l’œuvre, fondée dans les profondeurs mystérieuses de l’âme humaine depuis la nuit des temps.

En principe, le pigment du pastel est plus respecté sur support de papier car il s’y étale facilement, il n’est pas « forcé ». La toile tend à absorber le pigment ou à le rejeter en fonction de la texture de sa surface.

Sur une toile brute, le pastel aurait de la difficulté à bien s’étaler et de la poudre traverserait par endroit les fibres. Mais pour conserver le côté sauvage de la toile de lin naturelle, on peut la maroufler (coller) sur un panneau rigide.

Ci-dessous la reproduction d’un pastel sur toile de Arthur Dove, provenant du site

« O século prodigioso »
Arthur Dove (peintre Américain 1880-1946) a réalisé des pastels sur toile de lin, parfois marouflée sur bois.

« Vache » 1914. Pastel sur toile, 45,1 x 54,6 cm.
Alfred Stieglitz collection. 1949 (49-70-72)

La qualité du support de toile est tributaire de sa préparation. Sur une toile préparée pour la peinture à l’huile, l’enduit risque d’être un peu trop lisse pour une bonne adhérence du pastel. Essayez de tester les toiles préparées pour l’acrylique. Vous pourriez éventuellement enduire vous-même la toile à l’aide d’une base acrylique pour pastels.

Les gels « Golden » par exemple sont composés d’une résine acrylique permettant d’obtenir un film plus ou moins épais selon le gel utilisé. L’émulsion laiteuse devient translucide en séchant.

Vous qui appréciez la force de la couleur alliée à l’ingénuité du geste, vous pourriez essayer le pastel à l’huile sur toile. Les couleurs du pastel à l’huile sont intenses et ont une très bonne accroche sur la toile, quelle soit brute ou préparée.

A suivre
Pastel sec sur toile (1)
Pastel sec sur toile (2)

http://www.artisanpastellier.com/index.php

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Lez / Zone, un site particulier, ami des arts

Le site Lez / Zone a publié un extrait du livre d’artiste « ArTbre », sous la rubrique « Au fil de la poésie »

Apercu d’un extrait de la page ci-dessous

Page d’accueil Lez / Zone http://lezzone.over-blog.com/

Livre d’artiste « ArTbre »
Encres de Marie-Lydie Joffre, poèmes de Carole Menahem-Lilin

http://artbre.blogspot.com/2007/12/artbre-3.html
http://menahemlilin.canalblog.com/archives/2007/10/23/6636703.html

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Pastel sec sur toile (2)

« A propos de ma méthode de travail :
la première des choses, c’est l’état d’esprit.
L’allégresse. »

Alexander Calder

Réponses aux interrogations de Catherine

8 janvier 2008

Je viens une nouvelle fois vers vous car j’ai deux autres tableaux à vous faire découvrir :
le premier « la corne du toro » a été fait récemment
le deuxième « la quadrilla » pastel bleu peint à mes débuts (qui remonte à un an et demie).

Merci des vos envois. La corne du taureau semble contenir l’abondance de vos œuvres à venir… Je conserve vos scans dans un dossier avec ceux d’autres internautes. A l’occasion j’en sélectionnerai, avec votre autorisation, pour illustration.

Je vais vous dire comment je procède : j’esquisse au crayon à mine le dessin que je souhaite reproduire, puis je travaille avec les pastels.

La mine de votre crayon : est-ce du graphite ?
La mine graphite serait contre-indiquée en sous-couche du pastel car elle est grasse. Les matériaux gras doivent en théorie couvrir des matériaux moins gras et non le contraire, car le gras remonte à la surface. Mais on peut aimer les effets du pastel un peu luisant et ceux du graphite transparaissant sous le pastel. Le graphite sous-jacent pouvant être renforcé des reflets argentés de rehauts au graphite.

Si vous utilisez un crayon de couleur, (pigments mêlés à de l’argile pure et de la cire) le pastel aura tendance à un peu patiner sur le trait, sauf s’il est léger, étant donné que la texture du tracé de la mine est lisse.

Un dessin systématique avant le passage de la couleur risque parfois de s’apparenter à du coloriage aux dépens de la peinture et la fascination qu’elle procure quand la forme surgit de la couleur.

Le bâtonnet de pastel peut servir de crayon de dessin.

Je fais un tableau en deux heures. En principe, je n’y reviens pas dessus, je ne le fignole pas.

La spontanéité s’accorde à la nature intrinsèque du pastel, peu associée à la surcharge. Le pastel ne tolère pas la superposition de plus de deux couches de poudre. Plus les couches sont légères plus y circule librement la lumière. Un pastel trop travaillé tourne rapidement à l’épreuve terne et figée.

Sur toile, l’étalement de la couleur est un peu bridé par le parcours noueux des fibres du textile. La couleur doit être passée de façon insistante pour être uniforme. Sur support papier, le bâtonnet de pastel glisse. De ce fait, l’étalement du pastel est plus aéré, et laisse parfois sourdre la tonalité du support de papier, en résonance à la couleur poudrée.

Difficile, en effet, de préciser des détails au pastel sur la toile. La rusticité de la toile n’autorise pas des tracés méticuleux.

Est-ce normal ou suis-je trop rapide ?

La normalité n’existe pas en art !

Comment procédez-vous ?

Je travaille de façon impulsive et à l’instinct. Le plus souvent sous forme de séries et si possible d’après modèle vivant.

Ensuite, j’installe les tableaux au salon et du canapé je peux plonger mon regard de l’un à l’autre et ainsi les voir constamment. Là je suis très critique et je demande l’avis de mon entourage.
J’ai du plaisir à les regarder.

L’artiste reste à l’intérieur de son œuvre, il ne lui est pas possible d’être à la fois à sa fenêtre et de se regarder passer dans la rue. On ne voit bien qu’avec le regard d’autrui ! Ainsi les échanges critiques autour de l’œuvre sont pur bonheur. Ils donnent du poids à l’œuvre et encouragent l’artiste.

L’observation contemplative de vos œuvres est probablement un moment de réconciliation avec vous-même et, à ce titre, un bienfait.

La satisfaction la plus jubilatoire réside cependant dans le corps à corps avec l’œuvre en gestation.

Et quand un ami désire me l’acheter, je suis toujours triste de m’en séparer.

Cette tristesse est peut-être la conséquence d’une peur de l’inconnu, la crainte inconsciente de se lancer dans l’exploration de nouvelles oeuvres ?

L’acquéreur de l’œuvre fait acte d’amour. Son acquisition est le compliment suprême… et silencieux ! L’œuvre va alors commencer à vivre dans un environnement où elle sera reconnue et aimée. Sinon un jour elle risque de s’étouffer, entassée sous d’autres œuvres, et d’amoindrir en l’artiste la motivation de peindre. « Il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor » Paul Valéry.

On se sépare de la production matérielle, mais jamais de son esprit. La preuve est que l’œuvre d’art appartient à son propriétaire mais les droits d’auteur appartiennent à l’artiste !

L’œuvre terminée est une dynamique pour le commencement d’une autre, et non une fin en soi. La plus passionnante des œuvres est celle qu’on est en train de faire…

A suivre

Pastel sec sur toile (1)

Pastel sec sur toile (3)

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Un site poétique : « La poésie que j’aime »

Mise en ligne de « La saga des Géants »
sur le site «
La poésie que j’aime »

12 poèmes de Annie Devergnas-Dieumegard écrits en résonance

avec 12 encres « ArTbre » inédites de Marie-Lydie Joffre

Ci-dessous un extrait de « La saga des Géants »

Arbres ?
en bordure du lac du Salagou (Hérault)


Ils s’arrachent au magma
dans un brouillon d’âmes végétales
puis se découpent hésitants
sur l’écran du temps

mais quel effort immobile
avant de séparer les rameaux
des nuages

afin de sculpter leur identité
en siècles de patience

Liquidambar
Jardin des Plantes de Montpellier


il tient le ciel entre ses bras
arc-bouté contre le temps

une frêle branche
nouée autour des reins
l’empêche de tomber

Liquidambar
Jardin des Plantes de Montpellier


je suis l’arbre-samouraï
je décoiffe les nuages
de mes branches aiguës

d’un déhanchement de tronc
je saisis le vent
et l’emporte en tourbillon

qui résiste à ma course
tombera comme la feuille
qui meurt de me quitter

A suivre sur

http://lapoesiequejaime.net/add.htm

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