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Commentaires sur un pastel de Liliane

                                                    

La jungle, pastel de Liliane

Liliane :

J’ai ressorti un ancien pastel que j’avais créé pour une expo sur le thème de la jungle, je ne le trouvais pas formidable, mais je viens de voir sur le magazine « Match » un article sur « chercheurs d’art » : il y a un peintre qui a fait un tableau sur la jungle c’est Mostyn Owen 2009 voir : http://www.polad-hardouin.com/
Son tableau est « tagereste » 0rlando. Cela m’a fait me souvenir que j’avais fait ce petit pastel sur la jungle et qu’après tout, il n’était peut-être pas si mal. Il est réalisé sur un papier Canson vert foncé 24 x 32

Marie-Lydie Joffre :

Comme une illustration de livre pour enfant…

Pastel plein de gaieté vert aquarium, traversée d’une rivière en diagonale ponctuée de cinq bouquets de fruits rouges, et voilà que les saveurs de l’enfance enfouies comme oeufs de Pâques au jardin des mystères, remontent aussitôt à la surface de l’eau.

La souplesse, la tendresse, le velouté des textures du pastel s’exercent ici. Très peu de poudre semée. Regardez le pastel respirer lorsque la couleur vert olive du support papier transparaît aux endroits réservés. Il faut si peu de pulpeuse poudre pour dire beaucoup !

La couleur estompée, quant à elle, joue des sonorités moites de la poudre transformée sous la glissade des doigts, et contraste avec les tonalités vivaces du pigment non altéré.

A droite, dans la partie ombrée, des réseaux au pastel noir laissent deviner la couleur estompée du fond à travers maille. Un frottis délicat d’arabesques vert tendre auréolé d’un reflet bleu d’eau, joue les complémentaires avec une traînée de terre rose enfouie dans le noir laquelle engendre un rameau de fruits rouge épaissi de clarté. Toutes teintes d’autant plus lumineuses qu’elles sont ceinturées de sombre. Une lumière de sous-bois posée sur le fond délicatement estompé, semble tracée aux rayons arachnéens sortis de la tranche du bâtonnet de pastel.

Contrastes de matière gourmands. Touches fraîches rouge fraise, rose bonbon, rouge orangé, tentations que ces baies essaimées dans les coins sombres ! Pendue à l’arbre, une grappe fruitée, sorte d’hippocampe vermillon, frottée en épaisseur fait penser aux fonds marins. Une pointe de jaune soufre prend feu auprès de la sombre bûche qui prend l’eau. Mystère que cette bûche dont on aurait taillé sommairement une sorte de Christ qui semble reposer en lévitation sur l’eau ! Une plante mauve carnivore s’apprête à se désaltérer à la rivière, sous le regard du petit oiseau haut perché dans les méandres d’enroulements habités de figures totémiques ; et l’évocation de la barque déjà propulsée vers d’autres contrées ouvre au rêve le confinement de jungle.

Exploration du pastel dans une gamme ludique de tracés, de stries massives en volutes dansantes, d’aplats feutrés de secrets pollens en envolées de feuilles, point de fuite de la subtile poudre (angle en haut à gauche)

liliane.peint@orange.fr

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Peut-on réaliser une oeuvre aux crayons pastel uniquement ?


Réponses aux questions de Leszeck (voir toutes les questions)

7 – Peut-on réaliser une oeuvre aux crayons pastel uniquement ?

On peut réaliser une œuvre avec tout matériau !
C’est la manière dont l’artiste communique avec le matériau, comme l’écrivain avec les mots, qui fonde l’oeuvre !
Plus le matériau est sommaire ou paraît contre-indiqué, plus l’œuvre est potentiellement inventive face au défi ! Un matériau trop abouti pourrait, à la limite, inhiber l’artiste, par exemple une qualité de peinture à l’huile extra fine !

Les limites techniques du crayon pastel sont : texture plate, faible contraste, coloris ternes. Ainsi ce crayon évoque-t-il des sonorités sourdes, le calme, la discrétion et il y a là, de quoi bâtir tout un monde et au-delà !
A la façon de tout crayon, le crayon pastel se révèle plus efficient dans le graphisme, le trait de dessin qu’en aplat. La superposition d’aplats se trouble rapidement car l’opacité du matériau et ses couleurs non miscibles, font chuter les tonalités. En revanche deux superpositions légères font bon alliage de tonalités tendres et feutrées. Un rose et un gris subtilement superposés, par exemple, peuvent prendre l’aspect grenu d’un tissu de tweed ; ceci grâce aux mailles de la matière poreuse du crayon pastel qui fait remonter la clarté du support à travers la couleur.
En monochromie ou bichromie, le crayon pastel décliné sous toutes ses facettes, traits, superposition de traits ou d’aplats ou estompe, offre la douceur d’une texture laineuse.

Sur un grand format, le crayon exigera de la minutie pour couvrir la surface aux petits points, pour ainsi dire ! Travail qui pourrait être révélateur de constance et faire prendre conscience à l’artiste des potentialités de son tempérament, plus réfléchi que spontané, plus dessinateur que peintre, coloriste ou valoriste…

Les œuvres réalisées au crayon pastel apprécient l’alliage d’autres matériaux.
L’apport de techniques mixtes enrichit le crayon pastel au niveau des contrastes. Les crayons Conté fusain, sépia, sanguine produisent de chaleureuses vibrations, les crayons Conté pierre noire (à base de schiste) et carbone modulent et approfondissent les tons. Penser aussi à la gamme des craies « carrés Conté » dont les coloris sont plus intenses et liants que ceux des crayons, et qui permettent des traits précis et une manipulation à fleur de peau, puisque les bâtonnets ne sont pas gainés.

Ne pas oublier l’apport du crayon graphite. Surimposé au crayon pastel, il structure d’un trait argenté, modulé du gris clair au gris très foncé, le côté parfois fade du crayon pastel tout en accrochant bien à sa surface. Le graphite a une bonne stabilité du fait de sa texture quelque peu grasse.

8 – Quelle en est la qualité des pigments ?

Le crayon pastel est composé à la base des mêmes pigments que le bâtonnet de pastel sec. Mais la qualité des pigments est soumise à la compression et à la part des adjuvants (argile, craie, gomme arabique) utilisés pour que la mine du crayon reste ferme et ne libère pas trop de poudre. Les crayons pastel « Conté » contiennent de l’argile.

Le tracé du crayon pastel produit une poudre sèche et légèrement sablée mais qui adhère bien au support. La touche est un peu rugueuse.
Un tracé léger engendre une couleur non homogène participant ainsi de la couleur du support. Par exemple un trait de crayon pastel gris n° 33 tracé sur papier blanc, sera moucheté de blanc donc aura un aspect gris clair. Si la pression sur le crayon est forte, le gris sera foncé. La pression exercée sur le crayon permet de décliner les valeurs de la plus claire à la plus sombre.
La texture du trait, aplatie et un peu éteinte, ne présente pas, bien sûr, le grain aérien qui donne son souffle, sa luminosité au pastel sec.

9 – Je travaille exclusivement avec des crayons de couleur et j’ai tendance sans doute à rechercher le même résultat avec le pastel…

La technique minutieuse du crayon de couleur appliquée au pastel ne peut qu’être bénéfique ! Là, on se rapproche la tradition graphique des pastels « brindillés » d’artistes comme Millet, Degas ou Sérusier

La chorégraphie des traits et des tracés, l’onctuosité, les estompages, l’ampleur du pastel sec, sa luminosité vous ouvriront de nouvelles dimensions. Et qui sait si un passage par le biais du pastel ne favoriserait-il pas un retour magnifié aux crayons ? Le pastel, matériau brut, est une technique de base, et de ce fait un tremplin à la curiosité !

Voici quelques premières questions que je me pose et qui me font hésiter à me lancer.

Si le pastel vous questionne, c’est qu’il vous fait signe. L’appel d’un matériau est le facteur déterminant à de bonnes relations ! C’est en se mesurant au matériau qu’on en perçoit les potentialités, clartés comme obscurités, qui font comprendre la matière. Seule l’oeuvre en cours de réalisation est formatrice, à l’instar de toute expérience.

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